L'estime de soi

Étymologie et définition de l'expression "estime de soi"
L’estime de soi, pourtant l’une des dimensions les plus fondamentales de notre personnalité, est un phénomène complexe dont nous n’avons pas toujours conscience.
Le mot estime est dérivé du verbe estimer qui vient du latin aestimare « évaluer le prix d’une chose, apprécier ».
L’estime de soi c’est comment on se voit et si ce que l’on voit, on l’aime ou pas. Ce regard-jugement que l’on porte sur soi est vital à notre équilibre psychologique et à notre épanouissement.
Quand il est positif, il permet de se sentir bien dans sa peau, d’agir efficacement, de faire face aux difficultés de l’existence sans s’effondrer.
Négatif, il engendre de nombreuses souffrances et désagréments qui viennent perturber notre existence. Il est donc essentiel de comprendre ce qu’est l’estime de soi.
Les 3 piliers de l'estime de soi
L’estime de soi repose sur trois « ingrédients » : l’amour de soi, l’image de soi, et la confiance en soi (avec laquelle elle est souvent confondue). Une bonne estime de soi repose donc sur un dosage harmonieux de ses trois composantes.
L'amour de soi, pilier 1 de l'estime de soi
C’est l’élément le plus important. Nous l’avons vu dans son étymologie, s’estimer c’est s’évaluer. Or l’amour ne souffre aucune condition : on s’aime malgré ses défauts, ses limites, ses échecs, simplement parce que chacun de nous est par essence digne d’amour et de respect.
Cet amour de soi ne dépend pas de nos performances. Il implique notre capacité à développer la résilience : résister à l’adversité et se reconstruire après un échec. Il n’empêche ni la souffrance ni le doute mais il protège du désespoir.
L’amour de soi dépend essentiellement de la qualité de l’amour et des nourritures affectives que nous a prodigué notre entourage quand nous étions enfants. Les carences d’estime de soi qui s’originent à ce niveau provoquent bien souvent des blessures intérieures et parfois même des traumatismes psychologiques qui peuvent engendrer chez l’adulte des comportements déviants tels que la dépendance affective, comme nous l’avons vu à l’article précédent.
L'image de soi, pilier 2 de l'estime de soi
Le regard que l’on porte sur soi est le deuxième pilier de l’estime de soi. Ce regard, nous le devons à notre environnement familial et notamment aux projets que nos parents ont formé pour nous.
Ces projets sont légitimes à condition que la pression sur l’enfant ne soit pas trop forte et tienne compte de ses désirs et ses capacités.
Là encore, une vision de soi positive permet de développer consistance, endurance et résilience. Inversement, un vision de soi défaillante poussera la personne à la dépendance vis-à-vis d’autrui.
La confiance en soi, pilier 3 de l'estime de soi
C’est la troisième composante de l’estime de soi avec laquelle, rappelons-le, on la confond très souvent. La confiance en soi s’applique essentiellement à nos actes.
Être confiant, c’est penser que l’on est capable d’agir de manière appropriée en toutes circonstances.
La confiance en soi vient surtout de l’éducation que nous avons reçue en famille et à l’école. Comment, enfant, nos échecs nous ont-ils été présentés ? Avons-nous été récompensés autant pour avoir essayé que pour avoir réussi ? Nous a-t-on appris à tirer les leçons de nos difficultés ?
La confiance en soi se transmet autant par le discours que par l’exemple. La capacité à redouter sans excès l’inconnu ou la difficulté, à prendre des risques préalablement mesurés et à sortir de sa zone de confort témoigne d’un bon niveau de confiance en soi et inversement.

12 clés pour réparer et/ou entretenir son estime de soi
Je vous propose de faire porter vos efforts sur 12 clés de l’estime de soi. Toutes ne vous concernent peut-être pas mais je vous conseille de veiller à l’équilibre entre toutes et de ne pas courir plusieurs lièvres à la fois : travaillez une clé à la fois !
On peut classer ces 12 clés comme suit :
- Rapport à soi-même : se libérer, vivre éveillé, assumer sa responsabilité, se connaître, s’accepter, être honnête avec soi-même
- Rapport à l’action : agir, faire taire le critique intérieur, accepter l’échec
- Rapport à l’autre : s’affirmer, être empathique, s’appuyer sur le soutien social
Clé n° 1 : Se libérer
Se libérer de ses blessures intérieures et traumatismes psychologiques, couper des liens toxiques, sortir de schémas répétitifs de vie tels que la dépendance affective, va permettre de restaurer son estime de soi.
Clé n° 2 : Vivre éveillé
Vivre éveillé, c’est vivre en conscience, c’est vivre pleinement l’instant présent le « hic et nunc » (ici et maintenant).
C’est porter notre attention sur nos actes et leurs conséquences.
C’est un défi qui requiert de notre part volonté, entraînement et discipline pour sortir du mode « automatique » et inconscient dans lequel nous sommes la plupart du temps.
Un défi salutaire car il va nous permettre d’apprendre et de réajuster nos comportements sans se flageller ni culpabiliser. Et ainsi d’évoluer en permanence.
Clé n° 3 : Assumer sa responsabilité
Assumer sa responsabilité, ce n’est pas en premier lieu celle de ses actes mais bien celle de ses émotions, perceptions et interprétations. Comme le dit en effet l’adage : « l’important n’est pas ce que tu vis mais comment tu le vis ». Il est plus facile qu’on ne croit de passer par exemple d’un état interne (émotion) à un autre en focalisant son attention sur quelque chose d’autre.
Assumer sa responsabilité c’est donc sortir de la croyance limitante que nous n’avons aucun pouvoir sur notre vie et cesser de laisser les autres ou les circonstances de la vie décider pour nous.
C’est bannir de son vocabulaire : « je n’y peux rien », « c’est plus fort que moi ».
C’est apprendre à penser en termes de solutions plutôt qu’en termes de problèmes. Et ainsi booster notre créativité et nos compétences.
N’oublions pas qu’en augmentant sa part de responsabilité, on augmente celle de notre liberté : si nous n’arrivons pas à obtenir ce que nous voulons par un moyen, il nous appartient d’en trouver un autre, en faisant le point et en prenant les mesures nécessaires. Renoncer est aussi de notre responsabilité.
Clé n° 4 : Se connaître
Cela concerne aussi bien le regard que vous portez sur vous-même que la manière dont vous vous présentez aux autres. Il s’agit de prendre conscience de ses capacités et de ses limites.
Je vous renvoie pour cela à l’excellent outil qu’est la fenêtre de Johari.
Clé n° 5 : S'accepter
Apprendre à s’aimer dans sa totalité, ses qualités comme ses défauts, ainsi que sa sa part d’ombre.
Car il n’est nullement nécessaire d’être parfait pour avoir une bonne estime de soi.
Clé n° 6 : Être honnête avec soi-même
Le déni de ses émotions est le signe d’un manque d’estime de soi. Ce déni peut prendre la forme de l’autodéfense ou bien de la soumission aux évènements.
Avoir une bonne estime de soi c’est à l’inverse savoir s’impliquer en exprimant son engagement dans certains objectifs, exigences ou limites dans un cas et en s’engageant dans l’action pour changer, dans l’autre cas.

Clé n° 7 : Agir
Pour changer, il est indispensable d’agir. C’est en modifiant son comportement que tout commence.
C’est la posture opposée à celle de l’adage « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».
Toute décision de changement devrait idéalement se traduire par un passage à l’acte instantané : s’aérer le corps et l’esprit en sortant de chez soi, rédiger un message, téléphoner à une personne, etc…
Clé n° 8 : Accepter l'idée de l'échec
Nous venons de le voir, pour changer il faut agir.
Cela implique de reconnaître et d’accepter le risque d’échouer.
Ce qui signifie de considérer par anticipation l’échec comme une leçon qui va permettre de modifier la perception que l’on a des évènements.
Clé n° 9 : Faire taire le "critique intérieur"
Le critique intérieur, ce sont les pensées négatives qui nous tirent vers le bas et qui sont le signe d’une faible estime de soi.
Le premier pas pour faire taire le critique intérieur est de prendre conscience de ces pensées.
Le deuxième, c’est de prendre l’habitude d’arrêter le discours intérieur et de remplacer les critiques par des questions qui vont plutôt être constructives et nous tirer vers le haut :
- Cette pensée est-elle réaliste ?
- M’aide-t-elle à me sentir mieux ?
- À mieux gérer la situation ?
- À mieux faire ce que j’ai à faire ?
Clé n° 10 : S'appuyer sur son réseau
Le soutien social se compose du soutien d’estime (tu es quelqu’un de bien), affectif (on t’aime), matériel (on va t’aider), informatif (on te donne l’information qui va te faire avancer).
Il provient de sn réseau, c’est-à-dire l’ensemble des relations que nous entretenons avec les personnes de notre entourage.
S’appuyer sur le soutien social c’est :
- Savoir demander de l’aide tout en acceptant qu’elle ne vienne pas tout de suite ;
- Activer régulièrement son réseau social : entretenir son réseau c’est savoir prendre des nouvelles et en donner et pas seulement se plaindre ou se manifester lors d’un coup dur ;
- Diversifier et développer votre réseau social car le soutien ne vient pas uniquement de nos proches. La sociologie nous apprend en effet qu’un réseau est composé de 3 cercles concentriques, comme le montre le schéma ci-dessous.

F = famille, amis
P = contacts professionnels
S = contacts sociaux (sport, culture, commerçants de votre quartier, associations, praticiens de santé, …)
Clé n° 11 : Être empathique
L’empathie est un puissant moteur du développement de l’estime de soi.
Mais pour être authentique, elle exige de savoir écouter autrui, ses émotions et ses points de vue en le respectant même si l’on n’est pas d’accord, sans pour autant s’oublier soi-même et se soumettre.
Ce qui nous amène à la douzième et dernière clé.
Clé n° 12 : S'affirmer
S’affirmer ou être assertif, c’est être en capacité d’exprimer ce que l’on veut, pense, ressent tout en respectant ce que l’autre veut, pense, ressent.
C’est pouvoir dire non sans agressivité, répondre avec calme à une critique, demander quelque chose sans toujours s’excuser d’exister.
S’affirmer ne sert pas seulement à obtenir ce que l’on veut et à se faire respecter mais aussi à se sentir bien dans sa peau et à développer son estime de soi.
Cela nécessite de se respecter suffisamment pour se donner des droits vis-à-vis d’autrui.
Or se donner ces droits c’est prendre le risque de déranger ou de déplaire.
C’est pour cette raison que les personnes à faible estime de soi sont trop sensibles au risque de rejet social et ont de ce fait le plus souvent du mal à s’affirmer.
Quand on ne peut pas s’affirmer, on entre dans un type de comportement relationnel déviant : le comportement inhibé. Ce comportement consiste à subir et accepter pratiquement tout d’autrui sans oser exprimer sa vérité.
Il y a 2 principaux obstacles à l’apprentissage de l’assertivité qui sont en fait des croyances limitantes.
La première est celle qu’il est impossible de s’affirmer sans nuire à autrui.
La seconde est celle que notre entourage sait très bien ce que nous voulons, pensons, ressentons, aimons ou détestons.
C’est en travaillant successivement les clés précédentes que l’on apprend à se respecter et ainsi à s’affirmer.
Mais aussi en intégrant dans sa perception des personnes et des situations qu’il y a toujours un « effet miroir ».
L’effet miroir d’une personne mal intentionnée dont la critique n’est pas celle de qui nous sommes mais de l’idée qu’elle se fait de nous, à partir de sa propre « carte du monde ».
Il y a aussi l’effet miroir d’une personne bien intentionnée de notre entourage qui ne nous donne jamais un conseil à partir de ce que nous lui exprimons mais à partir de ses propres peurs et croyances limitantes.
Ne dit-on pas en effet que « les conseilleurs ne sont pas les payeurs » ?
